Au Clair de la Plume

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jeudi 3 décembre 2009

Le secret du chant du merle

Aujourd’hui est un jour de fête familiale : c’est la Saint François-Xavier. Nous avons planté des pensées, avec maman. On les voit se trémousser dans le vent depuis la cuisine. J’ai transporté du bois sous l’auvent pour l’abriter de la pluie en prévision de feux de cheminée. Mais surtout, je me suis postée sous l’antenne, pour écouter le merle chanter. Il est souvent là, et se moque bien que moi je sois là ou pas, il chante. De roucoulades en sifflements, d’exclamations en caquètements, il chante, tout en fantaisie, tantôt discrètement, tantôt distinctement.
J’aime l’écouter, son chant me ravit.
Il se produit en moi comme une dilatation. Ce qui était dur, clos, indicible se ramollit sous l’effet de la mélodie. A la place d’une forêt de buissons épineux, mon cœur ressemble à une verte prairie où il fait bon se promener. Je respire enfin. Tout chante en moi.
Je reviendrai.
Petit merle, mais de quoi parles-tu ? Quelle est donc cette histoire que tu offres au vent ? Raconte, raconte encore !


vendredi 13 novembre 2009

Je perds mes feuilles

Hier je me suis surprise à prononcer cette phrase :

Je perds mes feuilles


Après l'avoir prononcée, j'ai pris un malin plaisir à oublier son contexte. Je voudrais d'ailleurs tant l'oublier tout à fait, pour être libre d'imaginer l'arbre que je suis, aujourd'hui, en automne.
Où suis-je ?
Dans quel pays ?
Dans quelle contrée ?
Qui sont mes voisins ?
Qui sont ces gens qui me regardent ?
Quel est cet oiseau qui prend plaisir à gazouiller sur moi ?
Quel écureuil se cache là ?

Je voudrais être l'arbre de Séraphine, dans le film du même nom.
Un arbre ivre de vie, un contempleur d'infini, un arbre qui inspire les peintres et les poètes, spécialement Séraphine.


lundi 26 octobre 2009

S'accepter "point de vue"

J'aime beaucoup une phrase d'André Compte Sponville dans son "Traité du désespoir et de la béatitude".

Le philosophe est l'astronome de ses rêves : la vérité est son ciel, qu'il contemple d'où il peut. Sa sagesse est de s'accepter "point de vue".



Cette phrase m'a conduite à considérer quelques photos de point de vue.

Première photo : reflet d'un arbre dans l'eau. Miroir agité du monde.


Deuxième photo
 : des nénuphars comme nuages dans le ciel ?

Nénuphars



Mon point de vue est-il suffisamment dégagé, calme et lumineux pour espérer avoir un regard sur la vérité ?

samedi 5 septembre 2009

Le langage des arbres

Je reviens de deux ans au Caire avec des images plein les yeux, des amis proches, un blog rempli, une nouvelle langue dans la tête... Deux très belles années qui m'ont marquée très positivement.

Mais je suis aussi heureuse de revenir en France et de commencer une nouvelle vie où tout reste à inventer. Enfin pour le moment, je suis en pleine phase de réadaptation, que j'occupe à me promener à travers la nature dans les Deux-Sèvres. Le temps joue en ma faveur : il fait beau et chaud !

LA NATURE !!! En comparaison du Caire, Paris ressemble à une campagne tellement il y a d'arbres ! Le désert entoure Le Caire, et ici tant d'arbres vivent "en liberté", c'est à dire à l'état sauvage ! C'est pourquoi depuis mon retour, les arbres me fascinent comme jamais.
Dans la forêt de la Sainte Baume (Provence-Alpes-Côte d'Azur) je n'avais qu'à écarquiller les yeux, comme tout égyptien arrivé pour la première fois sur le sol français ferait :

Un arbre peut dire tant de choses... le temps qui passe, la solitude, la profondeur, les difficultés, la joie... ils sont la vie tout en image.


Christian Bobin met en scène l'un d'eux d'une façon remarquable dans son livre "La présence pure", mais je ne choisis de citer qu'une phrase :

"J'aime appuyer ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne."



J'essaie de réapprendre les espèces principales pour mieux les regarder. Pour cela j'ai ressorti un journal d'enfants dont vous entendrez certainement reparler dans ce blog : La Hulotte - le journal le plus lu dans les terriers.

Dans la forêt de la Sainte Baume, je suis tombée sur un arbre pas comme les autres. Celui-ci m'a saisie. J'ai d'abord pensé par pudeur ne pas le photographier (il était nu !). Et puis, je me sentais tellement proche de lui que j'ai pris la photo. Cet arbre, c'était moi aujourd'hui, un tronc déraciné, un vide qui ne demande qu'à se remplir, des branches voisines qui se tendent comme pour l'accueillir, enfin ce tronc sans feuille qui lève la main comme pour dire "Salut les copains ! Je peux me mettre ici ? Oui, je suis différent, mais ça va repousser, vous inquiétez pas. Tout va bien". Ou bien encore, peut-être qu'il regarde la lune, son amie, qui veille sur ceux qu'il a laissés là-bas. Il espère qu'elle transmettra les nouvelles.


On pourrait dire bien d'autres choses sur cet arbre... On pourrait parler du vide après un départ. D'une âme envolée la-haut. D'un arbre mythique qui choisit pour feuilles les étoiles du soir qui s'éteignent chaque jour. Du souvenir qui dure... De la vie, tout simplement !

Et vous, si vous essayiez d'apprendre aujourd'hui une espèce d'arbre que vous ne connaissiez pas, par exemple celle d'un arbre que vous croisez souvent ?