Aujourd’hui est un jour de fête familiale : c’est la Saint François-Xavier. Nous avons planté des pensées, avec maman. On les voit se trémousser dans le vent depuis la cuisine. J’ai transporté du bois sous l’auvent pour l’abriter de la pluie en prévision de feux de cheminée. Mais surtout, je me suis postée sous l’antenne, pour écouter le merle chanter. Il est souvent là, et se moque bien que moi je sois là ou pas, il chante. De roucoulades en sifflements, d’exclamations en caquètements, il chante, tout en fantaisie, tantôt discrètement, tantôt distinctement.
J’aime l’écouter, son chant me ravit.
Il se produit en moi comme une dilatation. Ce qui était dur, clos, indicible se ramollit sous l’effet de la mélodie. A la place d’une forêt de buissons épineux, mon cœur ressemble à une verte prairie où il fait bon se promener. Je respire enfin. Tout chante en moi.
Je reviendrai.
Petit merle, mais de quoi parles-tu ? Quelle est donc cette histoire que tu offres au vent ? Raconte, raconte encore !